Anorexie, boulimie et obésité : la douleur de l’âme

Anorexie: Infos

D’anorexie, de boulimie et d’obésité, on peut en mourir. Ce sont des malaises très profondes qui déchirent la vie de ceux qui en souffrent et de ceux qui en sont proches.

Sortir n’est pas simple, il faut un travail long et pénible qui éclaire les événements douloureux de la vie , très souvent traumatisants, sur les dynamiques relationnelles dysfonctionnelles, sur le deuil, sur les mauvais traitements, sur les abus, sur les violences, sur le profond sentiment de vide, solitude, sur le sentiment d’inadéquation et de dépréciation qui caractérise fortement les histoires de ceux qui développent ces difficultés.

Dans cet article, nous parlerons de:

  1. Anorexie
  2. Boulimie
  3. Obésité

Ces maux peuvent être assimilés à de véritables dépendances. des dépendances non chimiques.
De nombreuses recherches scientifiques ont montré que ces perturbations affectaient les mêmes zones du cerveau, les mêmes connexions que celles des dépendances. De même, au niveau clinique, nous reconnaissons les mêmes signes, symptômes et dynamiques.

La substance dont vous dépendez est la nourriture.
C’est choquant. La substance est facilement utilisable, nous avons accès à la nourriture à tout moment, nous pouvons obtenir cette substance, sans aucun effort. Rien n’est illégal ici.

Ces situations deviennent pathologiques lorsque le sujet, outre la perte de contrôle, expérimente la recherche d’une gratification immédiate au détriment des conséquences néfastes, recherche une solution immédiate permettant de ne plus ressentir la douleur.

Le sujet se perd dans la recherche spasmodique de nourriture, dans l’utilisation de la nourriture, dans un comportement compulsif à la recherche d’un plaisir toujours plus fort. Cela donne vie à une spirale où l’on se perd, où le sujet perd son identité et est submergé par la culpabilité et les répétitions forcées, ainsi que de puissants sentiments de vide.

La nourriture et le corps deviennent des moyens d’expression d’une souffrance dans le rapport avec soi et avec les autres.

Anorexie, boulimie et obésité utilisent le corps et la nourriture différemment:

1. L’anorexie: la douleur de l'âme

Une réduction significative du poids corporel et du régime alimentaire est le principal symptôme de l’anorexie. On poursuit un idéal de perfection inaccessible, ainsi que de maigreur inaccessible et insoutenable.

La faim est niée et chaque moment de la journée est rempli par le calcul obsessionnel des calories, par un contrôle constant et répétitif de son propre poids corporel.

Malgré la maigreur extrême et la souffrance d’un corps moribond, les personnes qui souffrent de ce malaise ne peuvent pas se voir pour ce qu’elles sont : l’image réfléchie dans le miroir est trompeuse. Le corps est toujours perçu comme gras, générant un profond sentiment d’inadéquation.

Pour tenter de soulager ce sentiment, des comportements compensateurs sont mis en place, comme la réduction supplémentaire de la calorie ou l’extrême activité physique. Mais derrière cette négation de la nourriture et de la faim, il y a une soif désespérée de tout ce qui est nié.

Les gens qui souffrent d’anorexie, en fait, ont faim. Ils ont faim de tout.

  • De relations amoureuses.
  • De l’affection de quelqu’un.
  • Des émotions, des sentiments, des sensations.

Faire face à tout cela est cependant, insoutenable, par lequel on refuse tout, en générant une autonomie illusoire de tout besoin et désir. Cela génère un puissant sentiment de force et de toute-puissance.

L’anorexie est un cri désespéré, un moyen de devenir visible en se rendant physiquement invisible.

2. La boulimie

La boulimie peut être vue comme un puit sombre et profond à remplir.

Un des sentiments qui accompagne la boulimie est un profond sentiment de vide. Vide irréprochable, désespéré, infini.

Les personnes souffrant de boulimie essaient de répondre à cet énorme sentiment de vide par l’abreuvement, par l’ingestion compulsive de quantités de nourriture qui sont éliminées par des conduites de compensation comme le vomissement auto-induit ou l’utilisation inappropriée de médicaments tels que diurétiques et laxatifs, activité physique massacrante.

Ce rituel est répété plusieurs fois par jour.

On mange et on vomit tout et tout le monde.

La souffrance qui accompagne ce malaise porte les signes distinctifs de la personne spécifique, de son histoire. La portée de ce rituel réside précisément dans le fait qu’il permet au sujet d’exprimer, de donner voix à tout ce qu’il a caché. Des émotions, des mots, des pensées, des vies réprimées.

La boulimie se lie fortement avec les vécus de honte et de mépris envers elle-même. Souvent l’anorexie et la boulimie alternent cycliquement. L’une est l’autre face de la médaille de l’autre.

3. L’obésité

Ceux qui souffrent d’obésité portent des marques importantes et évidentes sur le corps.

De grandes quantités de nourriture sont prises, souvent soigneusement choisies, sans qu’il y ait de conduites compensatoires. Les grands repas ne sont donc pas suivis, par exemple, de vomissements auto-induits.

L’obésité est un problème psychologique important qui a souvent commencé dès l’enfance. Ce malaise s’accompagne de la dérision et du lieu commun qui voit dans la personne obèse une personne gourmande, incapable de se contrôler, paresseuse, négligente.

La condition de l’obésité suscite haine et mépris, apparaît comme un choix et non comme une pathologie.

Il y a une énorme stigmatisation sociale. La stigmatisation sociale, avec les faux mythes, les croyances et l’importante désinformation, implique la prise en charge de ce malaise uniquement du point de vue médico-organique.

Mais ce malaise recouvre d’énormes expériences dépressives, de honte, de deuil et de traumatismes importants.

Ici aussi le corps porte les signes de l’histoire individuelle, le tissus adipeux constitue souvent une barrière importante que le sujet sent nécessaire et vitale, une barrière qui se sépare de l’autre, des émotions et des relations. Cette barrière devient la seule solution envisageable et possible qui permet de vivre.

Il s’agit donc de conditions cliniques très complexes qui ne peuvent être traitées selon des protocoles ou des modalités identiques pour tous.